L’historique du village
Le village de Couilly, sur la rive droite du Grand Morin à quelques kilomètres de son confluent avec la Marne, a une origine très ancienne.
A l’époque gallo-romaine, la défense du pont construit à cet endroit au croisement de deux grandes routes, justifie sans doute l’établissement, au pied du coteau de Quincy, d’un camp militaire. On l’appelle "collis castrum" en latin, le camp sur la colline. De "collis castrum", on fit "colliacum" (le nom apparaît pour la première fois dans une charte de Charles le Chauve en 853), puis enfin Couilly. En 1096, les religieux de Saint-Germain des Prés, à Paris, qui étaient propriétaires du territoire du Saint-Germain, offrirent à l’église plusieurs reliques de Saint Georges, dont le corps leur avait été envoyé d’Espagne. La paroisse prit aussitôt ce saint pour patron et le pont de Couilly fut appelé pont Saint-Georges. Le chemin qui menait au pont s’appelait la porte d’En-Bas.
Le territoire de Couilly était fort étendu. Connu sous le nom de Vallée de Couilly, il comprenait les terres de Saint-Germain, de Montry et d’Esbly. Ces trois dernières communes furent distraites de Couilly, puis érigées en cures pendant le XIIè siècle. La commune a pris de nos jours le nom de Couilly-Pont-aux-Dames.
Pont-aux-Dames était un hameau à la sortie de Couilly sur la route de Crécy en Brie. Ce nom est devenu familier aux parisiens depuis que le fameux acteur Constant Coquelin y fonda au début du siècle une maison de Retraite pour les vieux comédiens sur l’emplacement d’une ancienne abbaye démolie à la Révolution.
Brève histoire autour de l’abbaye de Pont-aux-Dames
Les visiteurs de la maison de retraite peuvent se demander où est le pont qui donna son nom à l’abbaye. En fait, celle-ci avait été primitivement fondée, en 1226, par Hugues de Châtillon, seigneur de Crécy, tout près du pont actuel de Couilly sur la rive du Morin, mais quelques années plus tard, sans doute chassées par une inondation de la rivière, les religieuses vinrent s’installer au hameau de Rus qui pris le nom de l’abbaye.
Un peu d’histoire romancée sur l’origine de l’abbaye...
Dans un ouvrage manuscrit conservé à la bibliothèque de Meaux, un prêtre contemporain de Bossuet, mais moins sérieux que son évêque, le curé Janvier, a raconté à sa manière la fondation de l’abbaye. Donc, selon le curé Janvier, " Hugues de Châtillon avait un page qui tomba fort amoureux de la femme de son seigneur, et essaya de le lui prouver. Furieux d’être repoussé par la dame aussi vertueuse que belle, le page lui déroba une bague et alla conter au mari que la châtelaine en gage d’amour la lui avait donnée. Le sire de Crécy entra dans une grande colère, fit attacher sa femme à la queue d’un cheval indompté qu’on lança au galop sur la route de Couilly. Le cheval vint s’abattre près du pont du Morin, ne traînant plus après lui qu’un paquet de chairs meurtries. Alors, pris de remords, le page avoua sa supercherie. Hugues de Châtillon fonda une abbaye sur le lieu où sa pauvre épouse avait expiré. Le page fut jeté dans une fosse profonde et condamné à mourir de faim."
A la vérité, aucun document d’archives ne confirme la version fantaisiste du curé Janvier. Quoi qu’il en soit, l’abbaye du Pont-aux-Dames, confiée aux religieuses de l’ordre de Citeaux, devint une des plus célèbres de France. Son histoire a été écrite par un historien peu suspect de complaisance pour les nonnes.
La réputation d’austérité des religieuses était telle qu’on leur confiait quelquefois la garde des belles dames au passé un peu turbulent. C’est ainsi qu’en 1774, on vit s’arrêter devant la porte de l’abbaye un carrosse d’où descendit la célèbre Comtesse Du Barry. Au lendemain de la mort de Louis XV, le nouveau roi avait décidé d’éloigner la favorite. Elle restera onze mois à Pont-aux-Dames, bien traitée d’ailleurs par l’abbesse, avant d’être autorisée à se retirer dans son petit domaine de Saint-Vrain près d’Arpajon. C’est là que les révolutionnaires vinrent la chercher pour la conduire à l’échafaud le 8 décembre 1793.
La Révolution fut aussi cruelle pour l’abbaye de Pont-aux-Dames. Les religieuses furent dispersées et les bâtiments vendus comme biens nationaux. L’acheteur fit tout démolir de fond en comble, y compris l’église et le cloître du XIIIè siècle, dont aucune gravure malheureusement ne conserve le souvenir. On peut trouver aujourd'hui, dans certaines maisons du village ou certaines devantures, des morceaux éparses de ces pierres qui consitutèrent l'abbaye de Pont-aux-Dames !
La Maison de Retraite des Artistes Dramatiques de Pont-aux-Dames
Plus tard, plusieurs maisons et un petit château moderne furent édifiés sur les ruines. Ce sont ces maisons que l’acteur Constant Coquelin racheta au début du siècle pour faire construire à leur place la maison de retraite des vieux comédiens. Le petit château sert de résidence au directeur et un petit musée du théâtre y a été installé.
Mais ce qu’il faut voir surtout, c’est le beau parc de la propriété. Coquelin a voulu y avoir sa tombe tout près de la maison où passent leurs dernières années ses camarades moins chanceux. On voit encore dans le parc un théâtre de verdure où bien souvent des comédiens célèbres sont venus donner des représentations au profit des anciens acteurs. On y voit aussi une fontaine dite de la Du Barry parce que selon la légende, la favorite déchue aimait venir mirer son visage dans le miroir d’eau.
Sous les grands arbres, le visiteur pourra évoquer son souvenir curieusement mêlé à celui des religieuses cisterciennes d’antan et à celui des gloires théâtrales d’hier.
Jusqu’au XVIIIè siècle, Couilly n’eût d’autre seigneur que le châtelain de Crécy, qui exerçait tous les droits de haute, moyenne et basse justice, de ban, de péage, de banalité, de rivière, etc..., saut le droit de bourgeoisie appartenant exclusivement aux habitants du lieu. A cette époque, un démembrement s’opéra en faveur du seigneur de Quincy, qui se rendit acquéreur des justices de Couilly et de Saint-Germain ; mais ce nouvel état de choses fut de peu de durée, et, en 1780, le seigneur de Crécy, qui était alors le duc de Penthièvre, rentra en possession de Couilly qu’il possédat jusqu’à la Révolution.